CRITIQUES

Xavier Leherpeur ; revue CINE LIVE (Mai 2000) :

« Dans le genre pointilleux, minutieux et compulsif, T.G.Mathieu s’impose comme un modèle. Responsable d’une revue semestrielle où il référence et compare dans le moindre détail toutes les versions et copies recensées des courts métrages de Charlot, son titanesque travail de recherche est de ceux qui, par leur grain de folie ravageur, font vivre la mémoire du cinéma. Immanquable. ».


Marilyn Slater ; site internet www.looking-for-Mabel.com (11 Sept. 2010) :

« The wonderful and knowledgeable Thierry Georges Mathieu did the compilation, to this point he has researched and published the most detailed and completed background on ever done on Charlie Chaplin. Up to this point no silent film scholar has taken on the translation of this monumental work, sadly it is available only in French but I hold out hope that this epic and important research tool will become available to those of us that don’t have French as a second language.  However, even if you don’t read French, the material within the volumes can be understood with French to English dictionary on your lap (or that’s how I read them). There are images from each of the Chaplin films as well as display ads, the archive where copies of existing films are location, the variations of the dialogue cards, just tons of wonderful goodies. »


Francis Bordat ; revue POSITIF (Février 2002) :

« Reconstituer les meilleures versions possibles des premiers Charlot du studio de Mack Sennett est un vieux rêve de la critique chaplinienne. Francesco Savio et Mario Natale (Il Tutto Chaplin), Glenn Mitchell (The Chaplin Encyclopedia), et surtout Harry M. Geduld (Chapliniana) se sont déjà attelés à la tâche, mais c'est Thierry Georges Mathieu qui semble aujourd'hui en passe de la mener à terme avec les dix?neuf volumes prévus de La Naissance de Charlot  dans lesquels  il propose, sur la base de toutes les copies cinéma et vidéo existantes, et des documents écrits ou photographiques qui s'y rapportent, une << version reconstituée >> que l'on pourra considérer quasi « définitive ». Chaque plan est minutieusement répertorié et analysé pour retrouver sa place dans le découpage originel. L'étude inclut les données génériques complètes, un recueil des principaux commentaires critiques et un « exposé général » qui évalue l'intérêt comique et l'originalité esthétique de l'oeuvre. On comprend que cet ouvrage constitue une contribution inestimable à la critique chaplinienne et, par?delà, à l'histoire du 7e art. La modestie apparente de la publication et du propos ne trompera personne. ».


Mariange Lapeysonnie (Ramozi-Doreau) ; revue Cadrage, Compte rendu du festival Il Cinema Ritrovato, Bologne, 2005 :

« Il Projetto Chaplin : Venue essentiellement à Bologne pour voir les restaurations des films de Chaplin, réalisateur sur lequel je continue à travailler (un prochain livre devrait paraître en 2006), j’ai donc assisté à la totalité des projections. Les films déjà restaurés de la série Keystone sont les suivants :

Kid Auto Races At Venice, USA, 1914, (7’)

Mabel’s At The Wheel, USA, 1914, (21’)

A Film Johnnie, USA, 1914, (15’)

The Property Man, USA, 1914, (31’)

Gentlemen Of Nerve, USA, 1914, (17’)

His musical Career, USA, 1914, (18’)

Making A Living, USA, 1914, (18’)

The New Janitor, USA, 1914, (17’)

Mabel’s Busy Day, USA, 1914, (17’)

Cette restauration, en accord avec la famille Chaplin et les héritiers, est menée à bien par la Cinémathèque de Bologne et le laboratoire L’Immagine Ritrovata. Celle-ci est promue par l’Association Chaplin en collaboration avec BFI National Film and Television Archive et Lobster Films. Les 35 slapsticks de la série seront ainsi restaurés.

Ces projections m’ont permis de voir des versions bien plus complètes que celles que je possède moi-même sur d’anciennes vidéos découvertes au hasard de mes recherches. La qualité de l’image est bien meilleure ! J’ai également apprécié la projection au Teatro Comunale, en clôture du festival, de A Woman Of Paris, USA, 1923, (89’) pour la qualité de la restauration et pour l’orchestration du Maestro Timothy Brock sur la musique originale de Chaplin.

Mon ami Thierry-Georges Mathieu, qui depuis plusieurs années accomplit, à titre personnel, un travail remarquable sur la série Keystone, était bien sûr présent à Bologne pour la projection des films de cette série. Aussi je lui laisse la parole, car en tant que chercheur spécialiste de ces films-là, il peut affiner le point de vue quant aux restaurations. D’ailleurs La Cinémathèque de Bologne a fait référence à ses travaux, que je qualifierai de pionniers. D’ailleurs je conseille au lecteur de se reporter à son excellente revue Ars Regula dont quinze numéro sont déjà parus où il traite des différentes bobines qu’il a retrouvées à travers le monde et qu’il étudie. On peut également se reporter à son site personnel sur la toile. Voici donc ci-dessous la contribution que je lui ai demandée et qu’il a eue la gentillesse de me communiquer.

« Quelques quatre-vingt dix ans après la sortie des films Keystone de Charles Chaplin, en 1914, le vaste programme de restaurations entreprit en collaboration par le British Film Institute (London), la Cineteca di Bologna (Bologne) et le Lobster Films (Paris) s’impose comme incontournable et essentiel. La sauvegarde des copies nitrates les plus anciennes et le tirage de nouveaux négatifs devenaient indispensables quant on sait l’état fragile de ces supports et leur inéluctable fin de vie chimique. Leur inventaire et leur classification s’avéraient aussi une démarche nécessaire et déterminante. Le « Progetto Chaplin », au niveau de ces films Keystone, va s’étaler sur plusieurs années encore et représente déjà un travail considérable. Chaque série de restaurations présentée annuellement à Bologne lors du festival « Cinema Ritrovato » (début juillet) et à Londres à l’occasion de « Times BFI London Film Festival » (en octobre) représente un petit événement exceptionnel en soi.

Cet ambitieux projet a non seulement pour but la restauration des copies mais aussi la « reconstruction » des films tels qu’à l’origine. Cela signifie tout d’abord de refaire ces courts métrages dans le pur style de l’époque, avec les habillages Keystone de 1914, au niveau de tous les cartons (titres principaux, intertitres, end). Et ensuite avec la version la plus complète possible et le découpage le plus fidèle à l’original.

Le critère majeur de départ fut de restaurer ces films à partir de copies offrant leur plein cadre image d’origine, en 35mm, ce qui exclut l’utilisation de copies sonores (dont le cadre est réduit par la bande son), des copies 16mm et autres formats réduits. Cette restriction sévère a certes le bénéfice de faire découvrir les œuvres dans leur format original, mais aussi empêche de compléter les films, demeurant incomplets, de scènes rares qui n’ont subsisté que dans des formats sub-standards (par exemple le final dans le lac de His Musical Career, ou bien le prologue du petit-déjeuné dans Those Love Pangs, deux scènes qui n’existent qu’en 16mm).

Outre le ratio de 1 : 33 (copie muette), les autres critères de sélection touchent ensuite aux autres caractéristiques de la pellicule, à savoir la qualité de l’image (selon la qualité des supports nitrate ou safety), la présence des intertitres originaux, ou leur absence, et la version du film, comprenant les scènes inédites en vue d’obtenir des films enfin complets, et bien sûr l’ordre des plans, sans oublier la couleur du support (ici en N&B, bien que quelques-unes des premières restaurations de 2003 furent basées sur des copies teintées sépia).
Concernant les intertitres, en l’absence de toute copie originale de 1914, hormis de fort rares versions « Paper-Print » (copyright de Mack Sennett, d’ailleurs pas toujours complètes comme le surprenant cas de Gentlemen of Nerve), le travail de sélection se base sur les copies plus tardives, voire des rééditions variées, la connaissance des archives papiers des bureaux de censures, et l’avis des experts « chapliniens » (avec toujours des zones d’ombre et d’incertitude quant au nombre réel de ces intertitres et à leur texte exact), ce qui constitue une entreprise forcément non définitive et éventuellement discutable – mais néanmoins très méritoire. Les films pour lesquels aucun intertitre n’est connu sont, par conséquent, présentés sans intertitres (comme Mabel’s Busy Day), peut-être finalement comme à l’origine. Souvent ces intertitres se référent aux copies de rééditions les plus anciennes (notamment celles de W.H. Productions, via Western Import), mais qui sont des cartons sur lesquels les avis des experts divergent (c’est le cas sur Tango Tangles et ses hypothétiques 16 intertitres).
Globalement, ces restaurations, bien qu’encore imparfaites (mais sera-t-il un jour possible de faire parfait avec ces Keystone de Chaplin ? ), avec des copies incomplètes, des images de qualité parfois moyenne, ou des intertitres incertains, constituent toutefois une démarche majeure pour la reconnaissance de ces petits films longtemps considérés comme très secondaires, mais pourtant capitaux pour comprendre la genèse de « Charlot », pour la conservation futures des œuvres, et la découverte par le grand public de ces films si méconnus (en projection aujourd’hui, en parution DVD au terme du projet). Ce premier grand projet de restauration est pour l’heure le meilleur travail jamais réalisé dans ce domaine. Louons les volontés courageuses des initiateurs de ce « Progetto Chaplin » et encourageons celles et ceux qui, avec beaucoup d’enthousiasme et de compétence, poursuivent ces restaurations dans les laboratoires du BFI, de la Cineteca di Bologna, et du Lobster Films. Bravo
." ».


Marilyn Slater ; site internet www.looking-for-Mabel.com (20 oct. 2010) :

« I recommend as a companion you get your hands on the Thierry Georges Mathieu’s “La Naissance de Charlot”, the detailed study of each of the 1914 Chaplin-Keystone creations. It is only available in French, a real reason to learn the language. »


Albert Montagne ; site internet albertmontagne.blogspot.fr (Fév. 2007) :

« Les ouvrages généralistes sur Charlot, tant français qu'étrangers, sont légion, il faudra désormais compter sur les numéros de cette nouvelle revue semestrielle. Le présent écrit fait partie d'un vaste ensemble consacré à la période Keystone (qui comprendra 27 tomes). Ce travail de romain, rappelant celui d'Henri Bousquet et son monumental ensemble cinématographique sur Pathé, s'attache, comme le précise le sous-titre (Études, Critique, Synopsis) à étudier chacun des 35 films, connus et méconnus, tournés au Studio Keystone, avec castings, analyses, inventaires des copies, critiques biographiques, chronologies des plans et des versions reconstituées. Par exemple, que l'on prenne Mabel's Busy Day (Charlot et les saucisses), sont précisées non seulement toutes les copies existantes dans le monde au sein des organismes officiels (cinémathèques, musées, fondations) et privés (collections, sociétés, musées privés, associations) avec leurs durées respectives, mais aussi les différentes versions VHS et tous les découpages connus. Les multiples titres, qui varient entre pays et même dans chaque pays, sont tous indiqués. Ainsi, il existe en France deux autres titres : Mabel marchande ambulante et Le Flirt de Mabel ; en Espagne, il existe trois titres : Mabel vendedora ambulante, Charlot et las salchichas, Mabel y Charlot en las carreteras. Les fiches techniques sont naturellement exhaustives. Quant aux analyses comparées, l'auteur, offrant les cartons de chaque version (titre, inter-titres, fin) et les commentaires inhérents, fait directement participer le lecteur. Un exposé général, des éléments critiques, positifs et négatifs, des découpages des différentes versions mentionnant les inter-titres, plans, coupures, reprises de l'image ; des notes annexes sur l'iconographie et des scènes rares et inédites, complètent le tout. Bref, des données filmiques précieuses qui s'adressent tant aux spécialistes et aux cinéphiles qu'aux simples amateurs de Charlot, aux présentateurs de films et aux étudiants. Un régal que devrait offrir, vu la cherté de l'ensemble (la seule critique étant pécuniaire), toute bibliothèque et cinémathèque. »